Au commencement il y a l'émotion, née d'une rencontre au détour d'un chemin, d'une scène qu'il m'a été donnée de voir.
J'ai besoin de ce contact visuel qui me fait témoin. Puis vient le trait, jeté sur la toile, le papier ou le cuivre, nourri des croquis de terrain qui donnent le mouvement et des photos qui remettent en mémoire le détail presque oublié.
Après cela l'animal ou le modèle devient prétexte : la peinture prend toute la place, le geste me conduit sans le souci de plaire ou de « faire joli ». La vie est liquide : 80% d'eau constitue les êtres vivants.
La vie s'écoule en filets rapides ou ruissellements hésitants venus de la plume d'aigle dont je me sers pour tracer. Mes animaux surgissent des hasards heureux ou non de cet écoulement. L'encaustique, technique ancestrale revisitée, utilisée en couches multiples brûlées dans la toile ou le papier permet les transparences et l'émergence d'ailleurs que chacun pourra s'approprier.
Lorsque je passe par la gravure, j'essaie de toucher à l'essentiel : la lumière, l'ombre, le mouvement.
A l'instar de mes mentors : Gilles Aillaud, François Pompon, Géricault, j'ai eu la chance d'accéder à l'intime de ce qui vit et je témoigne. Mon ambition est d'être passeur d'émotions.
Médecin anesthésiste pendant toute une vie, j'ai rejoint le trait par le biais de l'illustration médicale que j'ai pratiquée en parallèle de mon exercice professionnel. 
Je lutte pour me libérer de son carcan, mais l'anatomie me taraude. La justesse d'une position, d'un mouvement, sans laquelle il m'est impossible d'avancer, repose sur l'infrastructure invisible. En fait je vois et dessine des écorchés, que j'habille.
De peau, de poils ou de plumes.

Julie Salmon


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